
TEXTES
Des bronzes de tendresse
Elena Gonzalez Gonzalez est arrivée en Belgique en 1972 et c’est dans les Académies de Bruxelles, de Saint-Gilles et d’Anderlecht qu’elle a été formée au dessin et à la sculpture. Créatrice de médailles, elle fut invitée dans l’exposition : « la médaille en Belgique », à Namur en 1996 mais elle avait déjà été remarquée dès 1992, notamment chez le regretté Patrick Vicqueray à Saint-Gilles.
L’artiste vit pleinement l’engagement social, notamment au niveau du Centre F. Garcia Lorca de Bruxelles et c’est dans le sens de l’humain qu’elle a puisé l’inspiration pour « l’Espoir », éditée en 1996 et réservée aux membres de Promotion de la Médaille. En 1998, elle fut invitée au XXVIè congrès de la Fidem à La Haye. Mais la dimension des œuvres intimistes ne la satisfont pas et elle se tourne alors de plus en plus vers la sculpture. Elle traite toutes sortes de matériaux, du bois à la pierre et de l’argile au bronze, ce qui est parfaitement logique.
Sa ligne créatrice est celle de la féminité et même lorsqu’elle célèbre « Dame guitare » c’est la silhouette de la femme qui donne l’élan vital. Les corps s’inscrivent dans un volume généralement cuboïde et leurs gestes sont strictement limités à un aspect des plus intimes. Tendresse et affection dominent dans ces attitudes où la chaleur humaine est mise en valeur. Il y a également des personnages lisant et qui sont véritablement absorbés par leur lecture. Lorsque la forme des corps s’étire, Elena montre des danseurs de tango, éblouis, prêts pour une grande histoire d’amour ou alors des danseurs fougueux aux mouvements presque rageurs, c’est le tango de la révolte, voire de la révolution.
Dans la pierre, dans les terres cuites ou dans le bois, la matière parle par sa structure même. Le bronze est tout autre. Né de métaux froids et d’un feu ardent, il en ressort assez neutre s’il n’y avait le ciselage et la fameuse patine. Loin de se contenter d’une patine industrielle quasi automatique, l’artiste a suivi des cours en la matière et peut maintenant donner à chacun de ses sujets l’aspect qui lui convient, que ce soit un vieillissement ou un lustrage irisé.
Et dans ces formes rebondies, ceux qui ne peuvent dormir sans références trouveront maints points de comparaison mais il est évident que cette artiste en pleine maturité (°1953) a quelque chose de très personnel dans l’expression d’une tendresse devenue rare de nos jours.
Anita NARDON.
A.I.C.A. (2003)
Bronze and tenderness
Elena Gonzalez Gonzalez came to Belgium in 1972 and followed courses at the Royal art school of Brussels and the art schools of Saint-Gilles and Anderlecht, both for drawing and sculpture. As medals designer she was invited in an official exhibition called “the Belgian medal” in Namur in 1996 but art lovers already noticed her presence as from 1992, namely in the gallery of late Patrick Vicqueray.
Socially fully engaged and active in the Centre F.Garcia Lorca of Brussels it is in the human side of our society that she found inspiration for “Hope”, dated 1996, a small series specially published for the members of Medal’s Promotion Association. In 1998, she was invited at the 26th Congress of the Fidem in The Hague. In fact, small dimensions did not make her happy and she turned more and more to sculpture. She used various materials from wood to stone and from clay to bronze, which is the normal way to do.
The main line of her works is based on femininity including when she celebrates the guitar that finally looks like a lady: Lady Guitar. All human characters generally appear in a kind of cubic form and their attitudes are all about tenderness. There are also readers and they seem so deeply involved in reading that the world totally disappeared for them. When the bodies are growing in a somewhat extended silhouette, Elena shows people dancing. They are tango dancers at the right moment they have fallen in love, ready for a personal fantastic experience but in some other sculptures, the dancers are vigorously showing movement of revolt. This is a protest dance, the tango that may be the rebellion one.
When using wood, stone or clay, the material has a typical presence in itself. Bronze is another story. Made of various metals and born in hot fire, it comes out without any special characteristic before chasing, and with a common patina. The artist does not like industrial patina; so she studied how to create it and give her sculptures a personal touch of old patina as from centuries or bright and iridescent one.
In these plump and chubby individuals, people who definitely need references, will put artists names as a comparison but Elena, in her full maturity now (°1953) has something else to say, it is general warmth for people. This is not widespread today.
Anita NARDON.
A.I.C.A. (2003)
ELENA G
Elena G. est une idéaliste, elle croit profondément aux utopies ; elle sait très bien dès lors que les lieux qui n’existent pas -encore- il faut les peupler de formes et d’objets qui n’existent pas -encore-, Ainsi, aux trois dimensions traditionnelles de la sculpture, elle en rajoute une quatrième : l’imagination, la seule capable de répondre à sa quête. Elena propose donc une sculpture des impossibles avec pour défi suprême celui d’atteindre l’impossible beauté.
L’Histoire nous avait donné la Belle Hélène, voici arrivée Elena, la Rebelle dont les œuvres sont des chevaux de Troie qui cachent leurs propres secrets. La forme contient le sujet, il faut oser y pénétrer. On voit alors apparaître une cohorte de sentiments, une légion d’expressions, de sensations, d’émotions diverses. L’opacité de la matière devient ici miroir, miroir des illusions, reflet de nos propres contradictions. Les formes se laissent traverser par la lumière de notre imaginaire. L’artiste nous rallie alors à sa cause et nous nous surprenons à rêver à notre tour ; nous voilà nous promenant sur des chemins allégoriques qui « n’existent pas encore », longés de représentations oniriques qui elles, pour notre bonheur, existent déjà.
Dans une utopie, point des frontières, pas de limites… l’impossible devient enfin possible. Elena se rebelle à nouveau et nous le fait comprendre. Dans son royaume qui « n’existe pas encore », elle impose le métissage : par l’utilisation de matériaux riches et variés (pierre, bois, terre, bronze, seuls ou mélangés) mais aussi par la profusion des thèmes déclinés.
Dans son jardin sans nom, Elena cultive sans cesse les paradoxes : féminité des instruments de musique ou harmonie des corps féminins, femmes voluptueuses mais aussi femmes matrones, poses lascives tout autant que chastes, gestes de tristesse et désespoir côtoyant des expressions contenues d’espérances, lourdeur de certains volumes face à la légèreté de formes étirées.
Tout le monde a sa place dans l’Utopie d’Elena… Il suffit d’aimer le voyage et d’oser la rencontre. Les sculptures d’Elena font le reste : elles vous abritent, vous parlent, vous dévoilent vos chimères et accomplissent vos songes. Car en dernier lieu elles savent que, sans votre regard, elles non plus n’existeraient pas.. encore.
Juanjo Fernandez Palacios
ELENA G
Elena believes in utopia and knows perfectly well that not (yet) existing places can only be inhabited by not (yet) existing forms and objects. She adds, then, to the three traditional dimensions of sculpture a fourth one: imagination, the only answer to her questions. Impossibility is the subject of her sculpture; to reach an impossible splendour is the challenge to face.
Legend told us about Helen and her beauty, now we find another Elena, a rebel whose works, just as Trojan horses, keep their secrets hidden. To discover the subject you need to dive into the forms and, if you dare, a number of emotions and feeling will spread inside yourself. Opacity acts here as a mirror reflecting our own illusions, forms can be penetrated only by the light of our imagination. The artist makes us support her cause, start dreaming and walk along allegoric paths.
Utopia has no frontiers, no limits. Elena’s hybrid kingdom, that does not exist yet, is made by a huge variety of materials (stone, wood, carth, bronze used alone or in combination) and subjects.
In her garden, Elena grows paradoxes: musical instruments of female sex versus harmonious bodies of women, voluptuous women versus matrons, sad gestures coupled with hopeful expressions, heavy volumes coupled with light forms…
Everything finds its place in Elena’s Utopia, you need just to embark and be as open as is necessary for a meeting: Elena’s sculptures will receive you as a guest, they will talk to you, disclosing their chimaeras and making your dreams come true. They know, indeed, that without your glance they would not exist…yet.
J.F.P.
ELENA G
No nos andemos con rodeos : a Elena G. Nunca se le planteó el problema de la elección de la escultura como medio de expresión artístico. En este caso, fue más bien la escultura quien eligió a Elena G. No se trató por lo tanto en su momento de una opción, si no más bien de un encuentro, de un descubrimiento. Efectivamente, el deseo inicial de Elena de recrearse la mente, en seguida se transformó en la obsesión de crear a partir de la mente, la suya bien seguro, pero también la de los demás.
Elena G. Es una idealista y como tal cree profundamente en las utopías: sabe muy bien por consiguiente que los lugares que no existen - todavía – hay que poblarlos con formas u objetos que tampoco existen - por el momento-.
Así pues, a las tres dimensiones tradicionales de la escultura, ella añade una cuarta: la imaginación, la única capaz de corresponder a su búsqueda. Luego Elena propone una escultura de los imposibles, con el reto supremo de alcanzar la belleza imposible.
La Historia nos había dado a la bella Elena. Ahora Elena se rebela: las obras de Elena la Rebelde actúan como caballos de Troya que esconden sus propios secretos. La forma contiene el sujeto, hay que tener la osadía de adentrarse en ella. Aparecen entonces un ejército de sentimientos, una legión de expresiones, de sensaciones, de emociones variopintas. La opacidad de la materia se vuelve aquí espejo, espejo de las ilusiones, reflejo de nuestras propias contradicciones. Las formas se dejan atravesar por la luz de nuestro mundo imaginario. La artista consigue de esta forma adherirnos a su causa y nos sorprendemos soñando nosotros también; ahí estamos, paseando por caminos alegóricos que “todavía no existen”, bordeados de representaciones oníricas que, para nuestra felicidad, ellas sí que existen.
En una utopía, ni fronteras, ni límites...Lo imposible se convierte al fin en posible. Elena vuelve a rebelarse y así lo da a entender. En su reino que “todavía no existe”, impone el mestizaje: a través del uso de materiales ricos y variados (piedra, madera, barro, bronze, solos o mezclados), pero también por la profusión de temas declinados.
En su jardin sin nombre, Elena cultiva sin cesar las paradojas: feminidad de los instrumentos de música o armonía de los cuerpos femeninos, mujeres voluptuosas pero también mujeres nodrizas, poses lascivas tanto como castas, ademanes de tristeza y desilusión codeándose con expresiones contenidas de esperanza, pesadez de algunos volúmenes frente a la levedad de formas alargadas.
Todo el mundo tiene cabida en la Utopía de Elena... Basta con que te guste el viaje y te atrevas a enfrentarte al encuentro. Las esculturas de Elena hacen el resto: te acogen, te hablan, te desvelan tus quimeras y cumplen tus sueños. Porque en último término saben muy bien que, sin tu mirada, ellas tampoco existirían todavía.
Juanjo Fernandez Palacios
Le Style d'Elena Gonzalez
En ce qui concerne le style, ce sculpteur rejoint la plupart des grands maîtres de ce siècle. Là sont les figures rondes de Botero, Chargées de la sensualité propre aux statues de George Grard. Le rapport à l’Art africain se situe entre autre sur le plan des représentations de la fécondité. La se retrouve la tendance cubiste de Picasso ou plus près de nous Jozef Cantré. Là est le torse classique de Rodin. En un mot, Elena Gonzalez est un sculpteur qui ne cherche pas avec acharnement la nouveauté pour la nouveauté, mais qui glane dans la qualité des arts du passé. Elle synthétise les styles et les influences qui deviennent un développement artistique personnel et reconnaissable.
Qua stijl gaat deze beeldhouwster te rade bij vooral de figuratieve grootmeesters van deze eeuw. Daar zijn de rond-bolle vrouwfiguren van Botero, beladen met sensualiteit eigen aan de beelden van Georges Grard. Daar is de Afrikaanse connectie met de primitieve fetischen ter bevordering van de vruchtbaarheid. Daar is de cubistische inslag die Picasso of dichter bij ons Jozef Cantré aanwezig brengt. Daar is de klassieke torso die Rodin in het spoor loopt...Kortom, Elena Gonzalez is een beelhouwster die niet krampaching zoekt naar de vernieuwing om de vernieuwing, maar die sprokkelt uit de kwaliteit van een kunstverleden. Zij brengt een waardevolle synthese van stijlen en invloeden die haar tot een herkenbare en persoonlijke artistieke ontwikkeling brengt.
Fons Schippers